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Les Boucicaut, des entrepreneurs philanthropes

L’hôpital Boucicaut, situé rue de la Convention, a été réalisé entre 1894 et 1897, sur l’initiative de Marguerite Boucicaut. A la tête d’une fortune de 100 millions de Francs à son décès, elle nomme l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) comme légataire universelle, avec une obligation, la construction d’un hôpital sur la rive gauche de la Seine pour que les 2000 employés du Bon Marché puissent y accéder facilement.

Aristide Boucicaut, pionnier du commerce moderne

Dans son grand magasin « Le Bon Marché », Aristide Boucicaut révolutionne les pratiques commerciales. En comprenant que la femme est l’avenir du commerce, il est l’un des premiers à mettre en scène l’acte d’achat.

Illustration Au Bon Marché

D’ordinaire cloîtrées à la maison sauf pour la messe, les enterrements ou les visites chez les amis ou la famille, les femmes, désormais, sortent entre elles pour aller au magasin. Au « Bon Marché », l’entrée est libre, elles peuvent toucher les produits sans les acheter et les prix sont affichés.

La scénographie de l’espace de vente pousse les clientes à se perdre dans les rayons, pour leur donner envie de consommer davantage. Cet espace est composé de trois départements, « La Parisienne », « L’Epouse » et « La Mère », qui regroupe les produits pour enfants. A cette époque, déjà, Aristide Boucicaut avait compris que les enfants devenaient des prescripteurs.

Il est également le premier à mettre en place des soldes et des périodes dédiées à certains produits (le Blanc en janvier, les jouets à Noël,…).

Ses méthodes commerciales totalement nouvelles ont fait le succès des Boucicaut. Créée en 1853 avec un capital de 5000 F, la société « Au bon marché » est passée d’un chiffre d’affaire de 7 millions de Francs en 1865 à 72 millions en 1877.

Aristide avait « la bosse du commerce », une véritable bosse sur le front qu’il nommait ainsi. Une expression bien connue, entrée, depuis, dans le langage courant.

Les Boucicaut, l’union philanthropique

Si les Boucicaut se sont enrichis grâce à leur formidable sens du commerce, ils n’en n’ont pas pour autant oublier leurs origines, modestes pour Aristide et pauvre pour Marguerite. Elle est née d’une fille-mère, dans une « cabane » en Saône-et-Loire et a été gardienne d’oies avant de monter à Paris pour devenir blanchisseuse.

Alors à l’abri financièrement, Aristide Boucicaut, « résolut de mettre en pratique ses idées philanthropiques », comme l’explique Marguerite.

Ils ont mit en place un programme destiné à leurs employés, assez inédit pour l’époque, comprenant l’aménagement de chambrettes sous les toits du magasin pour les provinciaux, la création d’une cantine, la formation continue, les cours particuliers (anglais, allemand,…), une caisse de prévoyance, un service médical, des congés payés ou encore un intéressement aux bénéfices.

A son décès en 1887, dix ans après son mari, plus de 100 000 personnes se sont pressées le long du cortège funèbre pour lui rendre un dernier hommage.

Sans héritier, l’AP-HP a donc été choisi pour exécuter les dernières volontés de Mme Boucicaut. Il comprend l’attribution de nombreux legs comme le versement de 20 millions de francs aux employés du Bon Marché, des legs permettant la création de pouponnières dans plusieurs villes, des aménagements dans les villages natals du couple, des legs aux trois principaux cultes religieux, et bien d’autres encore.

Hôpital Boucicaut
Hôpital Boucicaut

A l’origine, l’hôpital Boucicaut comprenait huit pavillons, aujourd’hui en partie détruits, en raison notamment de leur vétusté. Les services médicaux ont été transférés à l’hôpital Pompidou au début des années 2000. Un éco-quartier résidentiel se développe depuis dans l’enceinte de l’ancien hôpital. Quelques bâtiments ont été conservés comme l’entrée principale accueillant désormais une école.

Cet article a été réalisé avec le concours de l’historien Lucien Maillard, conférencier lors des Balades urbaines du 15ème organisées par l’association 7B15.

Anne-Marie Leca

Journaliste, créatrice de Valgirardin.fr, Anne-Marie vit et travaille dans le 15ème arrondissement depuis plus de vingt ans.
Membre de la Société Historique et Archéologique du 15e.

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