L’exposition de dessins, Pour une accessibilité sans handicap, a pour objectif de nous sensibiliser, avec beaucoup d’humour et d’intelligence, aux problèmes de mobilité et d’intégration des handicapés au quotidien. Pierre Moyon, auteur, et Jonathan Pelcener, illustrateur, en appellent à une prise de conscience collective.
Nous avons rencontré Pierre Moyon, journaliste et créateur de l’association Deux Visus, dont l’objet est la défense des droits humains par le biais de manifestations culturelles.
Quel est le point de départ de cette exposition ?
P.M. : Nous l’avons créée en écho à la loi de février 2005, relative à l’obligation de mise en accessibilité des établissements recevant du public, des transports publics, des bâtiments d’habitation et de la voirie. Elle est entrée en vigueur en janvier 2015. Un an après, on constate que beaucoup reste à faire. Les structures concernées ne sont pas toutes en mesure d’accueillir l’ensemble des personnes en situation de handicap, quelle que soit la nature de celui-ci (moteur, auditif, visuel, mental). Pourtant, elles disposaient d’un délai de 10 ans pour se mettre en conformité.
Pourquoi constate-t-on un tel retard en France ?
P.M. : Pour moi, il y trois facteurs. Nous sommes dans un beau et vieux pays, avec de nombreux bâtiments classés intouchables, où il est souvent difficile de composer. L’aspect financier est important mais aussi le manque de volonté politique. Nous avons peur de mettre en lumière le handicap, qui s’exprime par une forme d’auto-censure. Pourtant, il y a des choses à faire dans ce domaine de l’accessibilité, si l’on compare notre situation à celle de nos voisins. La solution réside dans le changement de mentalité. Les gens n’ont pas encore pris conscience que c’est possible.
Pourquoi le choix de l’illustration ?
P.M. : Les dessins parlent plus que les discours. Notre volonté est de rassembler le plus de monde possible pour échanger autour de ce problème. Il est donc essentiel de proposer des illustrations drôles et explicites, qui peuvent toucher le plus grand nombre, sans choquer, ni provoquer. L’utilisation de dessins permet ce dialogue. Nous l’avons constaté récemment, dans un autre lieu d’exposition, avec des enfants qui posaient beaucoup de questions sur le sujet, sans tabous.
Créée par l’association Deux Visus, l’exposition est à découvrir au Centre Paris Anim’ Sohane Benziane (20 rue Georges Duhamel) jusqu’au 29 avril 2016. Transports en commun et déplacements dans la ville sont évoqués au même titre que l’accès à l’emploi, aux structures de soin ou aux lieux publics. Pour encore mieux symboliser cet enfermement social des handicapés, les panneaux sont accrochés aux murs par des chaînes.
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