Mise à jour du 6 septembre 2020 : le spectacle sera de retour au Monfort Théâtre du 20 au 29 mai 2021 pour ses dernières représentations.
Il s’avance dans la ruelle, salue chaque rangée, puis grimpe sur une comédienne. Charles le Marabout accompagne le Théâtre Dromesko depuis 29 ans et il ne joue pas. « Les animaux sont toujours justes », explique Igor Dromesko, metteur en scène du spectacle Le Dur Désir de Durer (Après-demain, demain sera hier) donné au Théâtre Monfort, dans le 15ème arrondissement de Paris, jusqu’au 17 février 2018. Jouer avec Charles et ses comparses à quatre pattes « nous oblige à ne pas partir à côté ». Le résultat est parfois drôle, majestueux, presque grave, mais il est toujours saisissant.
Ce spectacle qu’on ne saurait vraiment raconter ou résumer, saisit des instants de vie à mesure que ses comédiens traversent la ruelle qui compose l’étonnante scène sur laquelle se joue la pièce. Elle s’ouvre sur l’entrée d’une vierge naine portée par une myriade de jambes sans tronc, qui l’abandonneront rapidement quand arriveront les musiciens.
Puis, on suit du regard un homme, seul, qui porte un nourrisson. Il parle, s’exprime, dit son désir de rester et implore le destin de repasser plus tard. Car c’est bien-là tout l’objet du spectacle : suivre des inconnus, des anonymes et des silhouettes traversant la Baraque le temps d’un instant, le fragment d’un moment.
Igor Dromesko parle d’une « suite en avant », qui prend place après son précédent spectacle, Le Jour du Grand Jour. Le Dur Désir de Durer s’inscrit dans la même dynamique sans en dépendre pour autant. « Il ne s’agit pas de spectacles narratifs ou explicatifs. Bien sûr, ils sont liés, mais ils existent séparément l’un de l’autre ».
Alliant musique, jeux de lumières, costumes, maquillage et chorégraphies, Le Dur Désir de Durer transporte les spectateurs quelque part, dans un ailleurs différent, non identifié, spécifique à chacun. Sur scène, les comédiens racontent la peur de la mort mais sans jamais rien pré-digérer pour le public. Tout est toujours suggéré.
Au final, les comédiens ouvrent de nombreuses portes et laissent à leur audience le choix de les passer ou de les contourner. « On illustre des tranches de vie. Personne ne sait vraiment s’il s’agit d’un avant ou d’un après, et peu importe. Au fond, on allume des points et les gens tissent des fils entre eux. Chacun fait avec ce qu’il a dans la tête, dans les tripes ! Après tout, on est tous libres de faire nos propres constellations ! »
Chaque scène narre donc un récit différent, que chacun interprétera comme il le veut. Il y a autant d’histoires que de gens assis dans le public, et c’est l’une des grandes forces de ce spectacle, tantôt absurde, tantôt surréaliste et teinté d’impressionnisme. La complicité des comédiens, des musiciens et des animaux se sent, sans avoir besoin de mots. Ils savent quand se croiser, quand interagir, quand « frotter » dirait Igor Dromesko pour que cela parle.
Sur les planches, cela se traduit par un enchaînement bariolé, à la manière d’un beau tableau. Les comédiens et les scènes communiquent comme autant de taches de peinture sur une toile. A leurs silhouettes et leurs aventures s’agrègent nos imaginaires personnels pour un voyage que vous n’êtes pas prêts d’oublier.
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