En 2016, Cécile Roux remportait le premier appel à projets Parisculteurs. Green’elle était la première exploitation aquaponique qui devait voir le jour dans la capitale sur le site du Réservoir de Grenelle, rue de l’Abbé Groult. Le collectif de riverains Respiration Paris 15, soutenus par une majorité d’élus du 15ème arrondissement, s’est immédiatement mobilisé contre ce projet. Un permis de construire et une procédure judiciaire plus tard, où en est cette jeune agricultrice urbaine convertie et convaincue dans le développement de son exploitation. Entretien avec Cécile Roux…
Pourquoi avoir candidaté à Parisculteurs ?
Mon objectif est, à mon échelle, de contribuer à changer un peu notre manière de produire et de consommer, en ramenant de la production alimentaire dans la ville. C’est ce qui m’a poussé il y a six ans maintenant à entamer ma reconversion professionnelle en obtenant un Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole. Mon projet de ferme aquaponique tend vers ce changement vertueux.
Comment avez-vous monté votre projet ?
Il a été conçu en collaboration avec des experts notables du secteur et des responsables environnementaux, en utilisant les dernières avancées et innovation sur les bonnes pratiques dans tous les compartiments techniques. La conception et le dimensionnement de la pisciculture se font dans le respect du bien-être animal. Nous nous engageons à un approvisionnement de nourriture pour poissons plus local et durable. La partie maraîchage mettra en œuvre des pratiques d’agriculture biologique. Nous avons même prévu de la végétation et des points d’eau extérieurs pour favoriser la biodiversité.
Le projet a été validé par tous les professionnels du secteur, tant au niveau Français, auprès du Ministère de l’agriculture et de France Agrimer notamment, qu’Européen avec l’obtention d’un financement du Fonds Européen des Affaires Maritimes et de la Pêche. J’ai obtenu tous mes permis de construire et autorisations administratives après de longues enquêtes, qui ont toutes approuvé la pertinence du projet et le sérieux de ma démarche. La dernière validation en date est le rejet, fin janvier, par le Tribunal administratif du recours intenté par une association de riverains, certes épaulée par certaines personnalités politiques, mais qui n’en reste pas moins minoritaire.
Justement, vos opposants contestent votre installation sur le Réservoir de Grenelle, alloué par la Ville de Paris. L’un de leurs arguments est de vider les bassins de leur eau. Que leur dîtes-vous ?
Les opposants disent depuis le début que c’est un bon projet mais qu’ils ne le veulent pas en bas de chez eux, ce qui est choquant et n’a aucun fondement écologique. J’ai répondu à cet appel à projets sur ce site car il était particulièrement bien adapté à mon projet d’aquaponie. La décision de vider les bassins avait été prise par Eau de Paris bien avant le lancement des Parisculteurs. Il me semble que l’opposition est à ce stade une opposition de principe, destinée à « gagner du temps », ce qui est d’autant plus incompréhensible que les derniers évènements climatiques, et l’engouement pour la convention citoyenne sur l’environnement démontrent, si besoin était, qu’il y a urgence à agir. Il devrait, au contraire, y avoir une mobilisation de tous, riverains et politiques, pour aider ces projets à voir le jour.
Vous avez aussi des partisans. Que leur proposerez-vous ?
Mon projet a en effet reçu un bel accueil. Plus de 200 habitants du quartier sont actuellement en liste d’attente pour bénéficier des services de Green’elle. J’ai reçu également le soutien de plusieurs restaurants du quartier. Je prévois de produire une variété de fruits, légumes et herbes aromatiques de saison, ainsi que de la truite qui sera vendue fraîche et fumée. Mon objectif est de vendre en circuit de proximité, des paniers et au détail, aux particuliers et aux restaurants.
Avec le pourvois en appel des opposants au projet, quand pensez-vous pouvoir démarrer votre activité ?
Le rejet du recours par le Tribunal administratif m’avait redonné un peu de visibilité sur le planning avec bon espoir de redémarrer dans l’année. La rédaction du jugement est claire sur le fait qu’il n’y a pas de fondement juridique à faire appel. Malgré les difficultés rencontrées, je reste convaincue de l’utilité de développer une agriculture urbaine avec des projets ambitieux et innovants tels que le mien. Finalement, je pense qu’il est indispensable de déplacer le débat vers l’accompagnement des riverains à la prise de conscience et à l’acceptation de l’urgence du changement des comportements.
Bien décidée à se battre en appel s’il le faut, Cécile Roux est une ambassadrice de l’aquaponie depuis trois ans. En attendant de voir son exploitation prendre vie, elle forme les étudiants dans des lycées horticoles et les accompagne dans le développement de leur projet.
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Superbe projet, hâte de voir sa mise en œuvre enfin!
Un magnifique projet pour verdir les bassins inutilisés. Avec les cultures aquaponiques Cécile Roux contribue à mettre de l’oxygène sous nos fenêtres et dans nos assiettes. Soutenons l’émergence de ce projet au plus vite. Merci pour sa persévérance.
bonjour,
habitant du 15ème, rue Georges Pitard, je souhaite suivre ce projet curieux et intéressant – comment faire ?
bien cordialement –
Vivement la naissance de ce beau projet en cercle vertueux pour l’environnement et la population locale. Hâte de déguster les poissons et légumes frais!
Les recours contre de tels projets vert-ueux devraient être interdits. Il s’agit de redonner vie à une friche municipale où de l’eau croupit depuis des années. Cette association de riverains a-t-elle peur d’être dérangée par la nage de quelques truites et les pousses de salades ? Quelle tristesse!
Bravo pour ce beau projet ! L’avenir de Paris et le nôtre (ses habitants) passera par notre capacité à réaliser ce type de projets d’agriculture urbaine et raisonnée
Les objections de certains opposants à ce projet ne sont pas dénués d’intérêt, il me semble utile de le rappeler en toute objectivité. Tout n’est pas noir, tout n’est pas blanc