Peut-être l’avez-vous déjà constaté, ça bouge du côté du conservatoire du 15ème. Depuis la prise de fonction de son nouveau directeur, Bernard Col, à la rentrée 2016, les concerts et spectacles de musique, chant et danse se multiplient « in » et « out », comprenez au conservatoire et hors les murs. Pourquoi et comment ? Bernard Col, au diapason, nous a reçus pour tout nous dire…
Valgirardin : Nous avons une brochure entre les mains qui annonce une foultitude de concerts, récitals, spectacles de danse…(*) Et toujours en entrée libre. Quel dieu de la musique vous a inspiré ?
Bernard Col : C’est un tout petit peu plus prosaïque que cela ! Derrière chaque conservatoire d’arrondissement de Paris, il y a l’agence culturelle, la DAC, Direction des Affaires Culturelles, et la mairie de Paris, bien sûr, en amont. Lorsque j’ai été nommé au conservatoire du 15ème, l’une de mes missions était d’ouvrir les portes de l’établissement vers l’extérieur en proposant à tout public intéressé de venir découvrir ce qui se passe dans nos murs toute l’année.
Il nous a semblé que nos « grands élèves » qui arrivent en fin de cycle après 10 ans de pratique, étaient bien capables de produire concerts et spectacles de théâtre ou de danse, à un niveau pro, susceptibles de séduire un public exigeant.
Il y a toujours eu quelques journées ou soirées de ce type sur le conservatoire, votre apport est de faire sortir les spectacles hors les murs ?
B.C. : Nous avons noué avec les quatre bibliothèques du 15ème des partenariats structurés qui permettent, en effet, d’aller trouver un autre public, celui qui fréquente ces établissements. C’est très important parce que les gens qui viennent en bibliothèque, ne connaissent pas forcément ce qui se passe au conservatoire, s’ils n’ont pas d’enfants qui y étudient. J’ai pu constater que toutes les médiathèques étaient ravies et enthousiastes à la perspective de ces animations culturelles dans leurs murs.
Concernant ce qui se passe au sein même du conservatoire, vous avez raison, il y a toujours eu des événements, mais davantage tournés sur les auditions de classe, le côté « scolaire ». Aujourd’hui, notre volonté est de montrer qu’un conservatoire n’est pas seulement une école, mais aussi un vivier d’artistes amateurs.
Et on s’aperçoit qu’il y a aussi des classes de danse et de théâtre au conservatoire du 15ème !
B.C. : Oui c’est incroyable, tout le monde me dit cela ! Ces disciplines ont toujours été enseignées, mais moins mises en avant sans doute. L’image d’un « conservatoire » est surtout associée à la musique. Aujourd’hui je veux montrer ce qu’on est capable de faire côté théâtre et danse ! Notre programme affiche du Brecht, du Sartre, mais aussi Hibernatus, et le Dorian Grey de Wilde. Côté danse, du ballet classique, du modern jazz et même une soirée de gala, Les muses s’amusent, qui sera organisée à l’Espace Paris-Plaine, le 30 juin.
Et modestement vous oubliez de parler de la comédie musicale, Du rififi à Montmartre… dont vous êtes l’auteur !
B.C. : Ah, oui, l’écriture musicale c’est ma passion… J’y consacre le plus clair de mon temps libre ! Et je suis en effet le compositeur de ce « musical », écrit dans la plus pure tradition hollywoodienne, avec un livret de Cécile Prunet. Nous donnerons deux représentations en mobilisant toutes les énergies et ressources du conservatoire. Heureusement, nous avons de bons moyens de régie, ce qui permet de proposer un vrai beau spectacle, avec 15 chanteurs-comédiens sur scène, changement de décors, jeux de lumière…
Un premier bilan de cette nouvelle politique d’animation, in et out ?
B.C. : J’ai trouvé beaucoup d’enthousiasme chez tous les partenaires. Un vrai plaisir aussi, de jouer et de se produire. Côté public, la réponse est sans ambiguïté : il est là et très demandeur. Pour autant que je puisse en juger, les gens sont toujours repartis ravis de leur spectacle. Donc nous continuons et nous devons bientôt nous réunir pour préparer la saison prochaine. Jusque là tout va bien !
Pour terminer, expliquez-nous comment on devient directeur de conservatoire…
B.C. : Je suis personnellement diplômé du CNSM de Lyon (conservatoire national supérieur de musique) et j’ai tout d’abord enseigné l’écriture musicale, ma grande passion comme déjà dit. Mais j’ai aussi un goût prononcé pour les projets à monter, le travail d’équipe, ce genre de choses. Donc pour cela il faut une structure. J’ai alors obtenu un diplôme pour être directeur de conservatoire, puis occupé cette fonction à Fontenay-aux-Roses avant de venir ici, dans le 15ème. Et c’est passionnant ce que je fais ici !
Et maintenant tous aux concerts ! Deux belles manifestations à venir selon nous : Chantons à Vaugirard (8 mars) et Le Carnaval des animaux (9 mars)
Du classique en tubes !
Saint-Saëns et son Carnaval des animaux, c’est une histoire de tubes, tellement certains morceaux ont été utilisés, imités, déformés, transformés, remixés… par la pub et le ciné. A l’origine, Camille Saint-Saëns, compositeur sérieux s’il en est (voire un poil académique diront certains) se lâche pourtant dans cette pièce pour orchestre qu’il veut être un pastiche musical. Entendez que chaque morceau doit évoquer un animal (le lion, les poules, les kangourous et le fameux cygne…). On doit rire et deviner. Ultime précision, Le Carnaval des Animaux a été écrit pour un concert de mardi-gras et une soirée de rigolade… A (re)découvrir dans la mouture des profs du conservatoire, dans sa version avec récitant, le 9 mars à 20h30 à l’auditorium du conservatoire.
Découvrir Bernard Col compositeur, avec son opéra pour enfants : La nuit des Korrigans
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