En 1858, la France et le Japon signait un traité d’amitié et de commerce. Mais depuis une vingtaine d’années déjà, les Français découvraient et admiraient les premiers objets japonais arrivant par l’intermédiaire de marchands et de collectionneurs. L’exposition de la MCJP, A l’aube du Japonisme, retrace l’histoire de cette ouverture du Japon à l’Occident, à travers la présentation de quelques-unes de ces pièces, montrées pour la première fois au public. Elles témoignent d’une rencontre avec une culture jusqu’alors méconnue.
Geneviève Lacambre, commissaire de l’exposition, a passé 15 ans dans les « antres » des musées (Marine, Quai Branly, Musée d’Art et d’Histoire de La Rochelle, Sèvres Cité de la Céramique,…) pour dénicher ces objets. Tableaux, céramiques, maquettes, livres, photographies,… plus d’une centaine de pièces témoignent de cette période de découverte d’un pays « exotique ».
Ainsi, nous découvrons ces visages fixant du regard le visiteur pour l’éternité (photo ci-dessus). Présents à Paris en 1862, puis en 1864, ces ambassadeurs venaient plaider leur cause, hostiles aux étrangers, pour retarder l’irrémédiable ouverture au monde de leur pays. Immortalisés par les photographes Nadar, en mission pour la presse, et Potteau, pour le Muséum national d’histoire naturel, ces japonais intriguent et fascinent avec leurs tenues traditionnelles. Tenues qui démontrent chez certains les prémices d’un « mélange » des cultures comme l’indique la commissaire. L’un d’entre eux est coiffé à l’occidentale avec une raie dans les cheveux, tandis qu’un autre, livre en mains, arbore un semblant de nœud papillon sur sa tenue.
L’exposition est construite autour de deux repères chronologiques, avant et après la signature du traité de 1858 et l’Exposition Universelle de 1867, dont le Japon est l’invité d’honneur à l’initiative de la France.
Les premiers objets présentés ont transité par l’intermédiaire des marchands hollandais et chinois. Etablis au Japon depuis 1609, les Hollandais sont autorisés à y rester à la condition de ne pas faire de prosélytisme. En 1641, ils sont forcés de s’installer sur la presqu’île artificielle de Deshima, dans la baie de Nagasaki. Ils y vivent en autarcie, n’ont pas le droit d’en sortir hormis pour prendre la mer et n’ont pas le droit d’apprendre la langue japonaise. Situation paradoxale où les Japonais apprennent le néerlandais, sont informés des dernières avancées technologiques occidentales, alors que l’Occident ignore tout du Japon.
Les Hollandais commercent, notamment avec le comptoir de Canton, via la Compagnie Néerlandaises des Indes Orientales (supprimée en 1799). Ainsi les premiers objets japonais transitèrent par la Chine, parfois d’ailleurs considérés comme chinois, et arrivèrent jusqu’en Europe, notamment en France.
Des collectionneurs, comme le baron de Chassiron, membre de l’ambassade française, ont rapporté des pièces de Chine ou du Japon, également présentées. De même que certains objets envoyés par le Japon pour l’Exposition universelle, marqués du cachet de la censure, parmi lesquelles 152 estampes d’artistes contemporains et des livres qui surprennent à l’époque par leurs illustrations colorées.
L’exposition raconte l’histoire par l’objet de cette période qui précède le Japonisme, terme inventé en 1872 par le critique d’art et collectionneur d’art japonais, Philippe Burty. Elle est à découvrir à la Maison de la Culture du Japon à Paris jusqu’au 20 janvier 2018. Entrée libre -Fermeture de la MCJP pendant les vacances de Noël, du 23 décembre au 3 janvier 2018 inclus).
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