La poupée Licca est peut-être l’une des raisons qui expliquent l’amour immodéré des Japonais pour la France. Depuis leur plus tendre enfance, les petites filles japonaises sont initiées à la culture française grâce au monde créé autour de cette poupée. Si Barbie a dominé l’univers du jouet féminin en Occident, Licca remplit cet office au Japon depuis 1967.
Tout comme son homologue américaine, elle joue un rôle social, pas toujours apprécié par les parents pour Barbie, transmettant valeurs et mode de vie de la société japonaise. Lors de son passage à Paris pour préparer une exposition consacrée à Licca, qui se tiendra à la Maison de la Culture du Japon à Paris (MCJP), nous avons rencontré Sato Toyohiko, président de la Fondation Japan Toy Culture et fils du créateur de cette poupée.
La poupée Barbie est également très éloignée de la morphologie des japonaises. Avec ses 22 centimètres, Licca mesure 5 cm de moins pour s’adapter aux mains des petites filles.
Puis, en 1989, le roman autobiographique de l’écrivain anglais Peter Mayle, Une année en Provence (Nil), a rencontré un énorme succès au Japon, grâce auquel le Sud de la France est devenu très à la mode. A cette période, une nouvelle poupée est commercialisée, Hélène, la grand-mère paternelle de Licca, qui vit dans le château de Millamondo dans le Lubéron.
Dans les années 1980, la société change. Les pères ont moins besoin de travailler et sont davantage présent. A cette période, la poupée Pierre fait son apparition. Elle a d’ailleurs fait l’objet d’un reportage au journal télévisé de la principale chaîne de télévision, NHK, expliquant que le papa de Licca était enfin de retour à la maison.
Dès les années 60, Licca peut avoir un métier. Elle roule en cabriolet, voiture très rare au Japon. Dès le début, elle vit dans une maison au style occidental, qui suit les évolutions et les modes de l’habitat moderne.
A travers ses 50 ans d’histoire, Licca a été le témoin de l’évolution de la société japonaise. Elle résume l’esprit japonais, celui de trouver un bonheur quotidien, accessible, centré sur la famille.
Elle présentera une centaine de poupées en trois tableaux : la culture populaire actuelle, la culture japonaise traditionnelle avec les cueilleuses de thé et le French Dream in Japan.
Dans la première section, seront notamment exposées les créations de sept élèves de la Bunka Fashion College, école de mode japonaise, fondée, entre autres, par les stylistes Kenzo et Yohji Yamamoto. Les robes seront présentées à la façon d’un défilé et les visiteurs pourront voter pour leur tenue préférée.
Le tableau français présentera, notamment, Licca vêtue d’une robe en macarons de la Maison Pierre Hermé. Une seconde poupée sera coiffée d’une tiare créée par le joaillier des familles royales Mellerio dit Meller. Le modèle original de cette tiare est présenté actuellement au Musée d’Orsay, pour l’exposition «Spectaculaire Second Empire, 1852-1870».
Organisée à la MCJP, du 6 au 17 décembre 2016, cette exposition est l’occasion de découvrir l’un des jouets les plus populaires au Japon, la poupée Licca qui fêtera ses 50 ans en 2017.
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