C’est le pianiste Maxime Zecchini qui nous fait l’amitié cette année d’animer le concert de Noël organisé par la mairie. Un pianiste pas tout à fait comme les autres puisqu’il s’est fait une spécialité de jouer des œuvres pour la main gauche. Ne manquez pas un récital plein d’originalités !
Comment vous est venue l’idée de vous « spécialiser » dans les œuvres de piano pour la main gauche ?
Maxime Zecchini : Comme tous les pianistes, j’ai été amené à jouer le concerto de Ravel, dit Concerto pour la main gauche ; j’ai trouvé cette façon de faire sonner un piano prodigieuse, au sens strict du terme, c’est-à-dire magique. Petit à petit, je me suis intéressé à a littérature de piano pour la main gauche et j’ai trouvé des trésors. Il y a environ 600 morceaux disponibles, soient directement écrits pour la main gauche, soit transcrits pour. Parmi eux, des morceaux très originaux et follement créatifs.
Pourtant peu de pianistes s’y attaquent ?
M.Z. : Nous sommes trois dans le monde à jouer ce répertoire ! C’est aussi ce qui m’a donné l’idée de me lancer dans l’enregistrement d’une anthologie. Une première mondiale, puisque ça n’avait jamais été fait. Avec mon éditeur, Ad Vitam, nous avons décidé d’une collection de 9 CD et un DVD, en nous concentrant sur les pièces les plus abouties, les plus belles. Nous sommes très heureux de porter ce programme unique au monde !
Mais pourquoi écrire et/ou jouer des morceaux au piano pour une main, alors qu’on en a deux ?!
M.Z. : Historiquement, il y a deux raisons. La mode de la virtuosité pianistique en vogue dans les salons bourgeois à la fin du XIXè siècle a été la première. Le virtuose s’amusait et subjuguait son public en disant : « allez, fermez les yeux, je joue avec combien de mains ? » Bien sûr l’auditoire était persuadé que le morceau, brillant et compliqué, avait été exécuté à deux mains, alors que notre virtuose n’avait utilisé que sa main gauche. Et les jeunes filles à marier se pâmaient ce qui était un peu le but de la démonstration !
La seconde raison est bien plus sérieuse : les blessures de guerre des deux déflagrations mondiales. Lorsque des pianistes se sont retrouvés dans l’incapacité de continuer leur carrière parce que leur main droite avait été touchée. Les plus riches d’entre eux ont alors passé des commandes, aux compositeurs de leur temps, de partition pour la main gauche. C’est exactement le cas pour le célèbre Concerto de Ravel.
Mais pour le pianiste qui a un parfait usage de ses deux mains, ça n’est pas un exercice déroutant ?
M.Z : Il y a un vrai travail de posture à mettre en place ; par exemple, le tabouret est un peu plus à droite du clavier qu’à l’habitude. Et il faut davantage d’énergie musculaire et corporelle, car une seule main fait clairement le travail de deux. Il y a aussi un jeu un peu différent au niveau des pédales. Mais tout cela s’apprend et devient automatique avec les années. Je joue des pièces pour la main gauche depuis 15 ans, je peux vous dire qu’aujourd’hui, devant mon piano, je ne pense plus, ah, je ne joue que d’une main, mais plutôt, comment je fais pour donner la plus belle sonorité possible à ce morceau. Car l’intérêt des pièces de piano pour main gauche : l’incroyable maestria qu’elles développent pour utiliser la sonorité de l’instrument.
Qu’allons-nous entendre lors de ce récital de Noël à la mairie ?
M.Z : Comme toujours lors de mes concerts, je vais alterner des pièces à deux mains et des pièces pour la main gauche. Il y aura du Mozart, du Chopin, une transcription du Trouvère de Verdi pour la main gauche, du Brahms et des musiques de films de Michel Legrand.
Dernière question : existe-t-il des partitions que pour la main droite ?
M.Z. : Pratiquement pas ! On en a répertorié une dizaine tout au plus. Autrement dit, mieux vaut être gaucher !
Le concert de Noël sera donné le jeudi 21 décembre 2017, à 20h, dans la Salle des Fêtes de la Mairie du 15ème. Au programme :
- Wolfgang Amadeus Mozart – Fantaisie en ré mineur
- Charles-Valentin Alkan – Fantaisie opus 76
- Frédéric Chopin – Nocturne opus 9 n°1
- Giuseppe Verdi – Miserere, extrait de l’opéra Le Trouvère
- Johannes Brahms – Intermezzo opus 117 n°2
- Maurice Ravel/Maxime Zecchini – Transcription du Concerto pour la main gauche
- Michel Legrand – Suite sur Les Parapluies de Cherbourg
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