A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, ce mercredi 8 mars, le Conservatoire du 15ème propose un récital de chant lyrique… uniquement consacré aux femmes compositeurs. Les « compositrices » ça existe donc ? Mais oui ! Rencontre avec Colette Hochain, professeur de chant lyrique au Conservatoire.
Valgirardin : Qui a eu cette initiative de mettre à l’honneur les femmes compositrices pour ce concert à la bibliothèque Vaugirard ?
Colette Hochain : Dans la mesure où nous voulions distinguer ce jour du 8 mars, cela m’a paru naturel de mettre les femmes compositrices en avant. Elles ne sont pas assez jouées à mon goût et en tant que professeur de chant lyrique je n’avais que l’embarras du choix côté partition…
A ce point ? Pourtant les compositrices ne sont pas légion…
C.H. : Mais uniquement pour des raisons de préjugés sociétaux et misogynes ! La musique se composait et se jouait dans les milieux bourgeois, et dans ces milieux, il était impensable qu’une femme adopte le statut « d’artiste » ! Quelle honte cela aurait été… Une femme se devait d’être une maîtresse de maison accomplie dévouée à ses enfants et à son mari et sûrement pas de se mettre à composer des partitions.
Pourtant dans ces milieux bourgeois il est de bon ton que ces dames et ces demoiselles taquinent le piano…
C.H. : Strictement à la maison, au milieu d’un cercle de connaissances. Là, on reste dans le convenable… Et puis au-delà des conventions de société, il y a aussi que jusque très récemment, nous vivions dans un monde régit par les hommes. Le milieu musical ne fait pas exception. Composer de la musique suppose un fort bagage technique (solfège, harmonie, traité d’instrumentation,…) et bien peu d’hommes ont pensé, pendant des siècles, que les femmes étaient capables d’assimiler ces connaissances.
Malgré tout, au programme du récital on trouve des noms connus, Mendelssohn, Schumann…
C.H. : Oui, parce que là, il s’agit de la sœur de, ou de la femme de ! Fanny Mendelssohn et Clara Schumann, baignaient dans la vie musicale et pouvaient se permettre de braver les conventions. Idem, pour la troisième compositrice au programme, Pauline Viardot, qui est la fille d’un fameux baryton de son époque et la sœur de la célèbre Malibran. Quant à Lili Boulanger qui sera la première femme a décroché le prix de Rome de composition en 1913, elle vient au monde dans une famille qui en est à sa cinquième génération de musiciens. Elle aurait sûrement été une grande compositrice si elle n’était pas morte à 24 ans de tuberculose…
Est-ce qu’aujourd’hui les choses changent ?
C.H. : Oui. Il y a de plus en plus de femmes dans les classes de compositions. Les choses évoluent, lentement, mais elles évoluent.
Qui interprètera ce récital à la médiathèque Vaugirard ?
C.H. : Mes élèves de la classe de chant lyrique. Nous sommes là dans la démarche de l’accompagnement artistique, après l’accompagnement pédagogique.
Une question qui me démange : cette musique « de femmes » est-elle aussi belle que celle de leurs confrères hommes qu’on entend habituellement ?
C.H. : Quelle question !! J’ai très envie de vous répondre : venez écouter-voir et jugez par vous-même !
Ce concert est organisé à l’occasion du partenariat noué avec le Conservatoire du 15ème (en savoir plus).
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