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Un concert rare de musique persane

Le Patronage Laïque Jules Vallès a la bonne idée de nous proposer ce vendredi 25 novembre un concert de musique persane. Original et plutôt rare, même pour la Ville lumière, le programme s’annonce alléchant pour les oreilles avides de sensations nouvelles. Rencontre avec Bahman Panahi, musicien-pivot du concert et grand défenseur des passerelles culturelles entre (Moyen) Orient et Occident.

Valgiradin.fr : On peut imaginer que la musique persane est très différente de notre musique occidentale, comment faites-vous pour la rendre audible à nos oreilles européennes ?

Bahman Panahi : Je commence par préciser qu’il ne s’agira pas, pour cette soirée, d’un concert ininterrompu de musique persane, mais que nous jouerons plusieurs morceaux, y compris de la pure musique classique occidentale, qu’interprètera la harpiste Sandrine Pourailly. Je dis « nous », car je ne serai pas seul en scène et il s’agira bien d’un groupe de musiciens qui ont plaisir à jouer ensemble.

Quels instruments entendrons-nous ?

B.P. : Je jouerai du Tar, qui est un instrument à cordes traditionnel persan-iranien, Mani tiendra la Ney, la flûte en bois historique et Mosin Kawa sera aux percussions sur la Tabla, qui est un instrument indien. Mais il faut savoir que la musique indienne et la musique de la Perse ancienne sont assez proches. Enfin, comme déjà dit, la harpiste Sandrine Pourailly nous a fait l’amitié de se joindre au trio. Nous jouerons des morceaux inspirés de la plus pure tradition, et l’une de mes compositions : caresses du ciel

Pour nous Européens, cette musique persane à un goût de Moyen-Orient, évoquant immédiatement, le sable chaud et les contes des mille et une nuit. Au-delà du fantasme, quelles sont les grandes caractéristiques de cette musique orientale ?

B.P. : C’est très certainement une des plus anciennes du monde. Nous avons encore des bas-reliefs datant de plusieurs siècles avant l’ère chrétienne, qui montrent des instruments et des « concerts ». D’un point de vue technique, c’est une musique qui est articulée autour de modes (comme lorsqu’on parle de mode majeur ou mineur) alors que le classique occidental est écrit de façon tonal. Cette précision est importante parce que même pour un parfait néophyte en solfège, la différence est immédiatement perceptible à l’oreille. C’est ce qui fait que l’on identifie à la seconde une mélopée « orientale » d’un air occidental. L’autre différence de taille est que la musique du grand et long empire perse est plutôt sous influence mystique, spirituelle. Les grands poètes perses (Hafiz, Saadi, Omar Khayyam) ont de leur côté inspiré beaucoup de musique chorale. En résumé, la musique persane est une musique savante, qui ne ressemble en rien à une musique folklorique ou traditionnelle.

Vous défendez depuis longtemps le mélange des genres et les passerelles entre les continents et leur musique…

B.P. : Absolument. D’ailleurs ce concert a un message caché, si j’ose dire, qui est, même si l’on vient de contrées et de cultures différentes, on peut jouer ensemble et créer une harmonie. J’espère que cette harmonie sera palpable lors de notre concert et qu’elle donnera de l’émotion aux auditeurs, puis l’envie à leur tour de créer de l’harmonie. Même avec des personnes qui semblent éloignées de leur culture.

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