Le psychiatre Ryütarô Takahashi est l’un des plus importants collectionneurs d’art au Japon, possédant près de 2000 œuvres. La Maison de la Culture du Japon à Paris propose, jusqu’au 23 janvier, Cosmos\Intime une exposition d’une quarantaine d’œuvres issues de sa collection. Présentées pour la première fois en dehors du Japon, elles montrent la richesse et la diversité de l’art contemporain japonais de ces 30 dernières années. Parmi les 23 artistes exposés, trois d’entre eux sont de renommée internationale, Yayoi Kusama, Yoshitomo Nara et Makoto Aida.
L’intime ouvre sur le cosmos
Ryütarô Takahashi estime que les adultes japonais d’aujourd’hui, nés après les années 60, sont socialement immatures et autocentrés. Les artistes de la jeune génération se sont emparés de ce sentiment d’isolement général, provoqué par l’individualisation de la société. Majoritairement représentés dans l’exposition, ils puisent leur inspiration dans l’observation de leur quotidien et dans leurs expériences personnelles. Pour eux, l’art ne reflète plus les problématiques mondiales dans leur globalité. Au contraire, l’ouverture au monde passe par l’exploration de soi poussée à l’extrême.
Ces jeunes artistes se retrouvent également à la frontière entre deux mondes, comme l’explique le collectionneur : « la scène artistique japonaise contemporaine, avec face à elle le miroir de l’art européen et derrière elle une tradition millénaire, se situe à égale distance de ces deux miroirs. »
Sélection
La diversité des œuvres présentées, dans le choix des techniques employées, dans les matières travaillées, dans le style propre à chaque artiste, font la richesse de cette exposition : photographie, peinture, dessin, broderie ou sculpture, abstrait ou figuratif,…
Parmi ces œuvres, les photos de Naoya Hatakeyama sont à découvrir. Les clichés exposés de sa série Slow Glass représentent une ville de nuit, photographiée à travers une vitre couverte de gouttes de pluie. Le tirage sur aluminium renforce les couleurs et les effets de lumière.
Le tableau de Kei Takemura, Connaissances et inconnus montant des marches à A. et à W. est également une belle surprise. Ce montage photographique en noir et blanc est recouvert d’un voile brodé transparent, composé de soie japonaise et de fibre synthétique italienne.
Enfin, dans le fond de la salle d’exposition, un rideau blanc ouvre sur une petite pièce toute blanche. L’œuvre de Hiraku Suzuki, Trou de Serrure, plaquée sur un mur, est à apprécier en deux temps : avec ses yeux, puis avec son appareil photo. Pour une fois l’utilisation du flash est indispensable. Sur la photo obtenue, la réverbération de la lumière sur le panneau constellé de réflecteurs de voiture offre au regard des spectateurs une œuvre unique.
Des visites de l’exposition, commentées par les artistes japonais eux-mêmes, sont programmées. Les premiers rendez-vous annoncés sont les 7 nov, 14 nov et 5 déc.
L’exposition Cosmos\Intime, la collection Takahashi est à voir jusqu’au 23 janvier 2016 à la Maison de la Culture du Japon à Paris.
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