« La France m’a libéré ! » s’exclame Kunihiko Moriguchi, designer et maître du yûzen, Trésor national vivant du Japon. Ses kimonos de soie ont quitté les collections particulières et les musées de l’archipel nippon, pour être exposés à Paris à la Maison de la Culture du Japon (MCJP). Cette exposition exceptionnelle retrace les 50 années de création de Kunihiko Moriguchi en présentant également ses peintures et ses réalisations, notamment ses tasses Minori pour Sèvres-Cité de la céramique.
Kunihiko Moriguchi a été élevé au rang de Trésor National vivant en 2007, par le gouvernement japonais. Ce titre le reconnait comme détenteur d’un bien culturel immatériel important, qu’est la teinture yûzen. Héritée de son père, Kakô Moriguchi, il utilise cette technique manuelle pour imprimer ses motifs originaux sur les tissus de soie.
La technique yûzen consiste à matérialiser les contours du futur motif au moyen d’une pâte à base de riz. La couleur est ensuite appliquée à l’intérieur, puis recouverte également de pâte, le temps du séchage. Les points sont réalisés par saupoudrage de grains de pâte de riz sur le tissu (cf. Sables en mouvement, ci-dessus).
Pour dessiner ses motifs, Kunihiko Moriguchi a été très influencé par le mouvement artistique Op-Art (art optique) des années 60. « J’ai vécu en France, à Paris, entre 1963 et 1966, » explique-t-il. « Grâce à l’industrie de la mode, Paris est devenu un nouveau centre artistique, avec l’émergence du mouvement Op-art, en opposition au Pop-art américain. J’ai travaillé sur beaucoup de projets et en rentrant au Japon, j’étais complètement Op-art !! »
Sur le tissu, Kunihiko Moriguchi reproduit le même motif tout en le réduisant progressivement, ou bien en l’étirant, ou en lui faisant faire une rotation. L’intérêt d’aller voir ses créations est de découvrir et d’apprécier le sens caché de chaque composition graphique. Par exemple, le motif utilisé pour le kimono Torrent (ci-dessous) est l’idéogramme chinois signifiant « eau ». Sa reproduction de haut en bas, en diagonale, avec un effet grossissant évoque le ruissellement de l’eau sur la roche.
Kunihiko Moriguchi est très attentif aux effets que les motifs produiront une fois le vêtement porté. « Les motifs donnent une nouvelle silhouette à la personne. C’est le but recherché, » précise-t-il. Chaque kimono est une pièce unique, porté lors de grandes occasions, une à deux fois maximum, comme les robes de Haute-Couture.
Sont également exposés à la MCJP, des peintures de l’artiste et ses réalisations. Kunihiko Moriguchi a conçu le nouveau design des sacs de course du magasin Mitsukoshi, véritable institution au Japon depuis 1637. Il a également créé, à l’invitation de Sèvres-Cité de la céramique, un service à café inédit, basé sur le service Litron (forme datant du 18ème siècle). Cette coopération intervient dans le cadre du programme Transmissions croisées, mettant en relation les artisans de Sèvres avec des artisans d’art au savoir-faire ancestral dans d’autres domaines.
- Une rencontre avec Kunihiko Moriguchi, le mercredi 16 novembre à 18h30
- Une projection du documentaire de Marc Petitjean, Trésor vivant, en présence de Kunihiko Moriguchi et du réalisateur, le jeudi 1er décembre à 18h30
- Une conférence Transmissions croisées, en présence de Kunihiko Moriguchi et de Sèvres-Cité de la céramique, le mercredi 14 décembre à 18h30
L’exposition est à découvrir à la Maison de la Culture du Japon à Paris jusqu’au 17 décembre 2016.
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