La montagne, et ses amas rocheux, est le terrain de jeu de prédilection d’Iris Hutegger, qu’elle photographie lors de randonnées. Elle prend ses clichés sur de la pellicule couleur, puis les développe en noir et blanc. Le grain prononcé qui en ressort donne un aspect lunaire à ces massifs montagneux. La couleur, imaginaire, est ajoutée par de la broderie réalisée avec une machine à coudre.
Le résultat est étonnant. Les photos, sans noms, sans repères géographiques, interpellent.
Iris Hutegger confie que les endroits photographiés « sont volontairement sans civilisation, sans arbres, sans plantes, pour éviter qu’ils soient reconnus. Si le spectateur devine l’endroit, il va s’y projeter. Par conséquent, il ne regardera plus la création, il ne verra pas l’œuvre. La photographie, dans son résultat final, doit être en dehors de la réalité, être hors du temps et de l’espace. »
Iris Hutegger brode sur ses photos depuis une dizaine d’années. « J’étais très déçue du résultat de photos de villes que j’avais prises. Il y avait un décalage entre l’image des lieux que j’avais conservée en mémoire et le rendu photographique. Alors que je les déchirais, j’ai vu ma machine à coudre. M’est alors venue l’idée d’essayer de broder dessus, comme on dessinerait au crayon. »
Deux années d’expérimentation plus tard, elle crée sa première œuvre. Tirées sur du papier épais, les photos sont brodées sur une machine à coudre de la marque Bernina, qui lui fournit des aiguilles adaptées. Utilisant au début des fils dans la gamme des gris, elle a mis un certain temps avant d’intégrer de la couleur.
La première étape de son travail est la distanciation avec le sujet photographié. Iris Hutegger laisse passer du temps entre la prise de vue et le tirage, puis entre le tirage et la couture. La broderie, elle-même, est conçue progressivement, espacée dans le temps, en ajoutant des fils, un à un, jusqu’au résultat qui lui plaît.
Les photographies d’Iris Hutegger sont à découvrir à la Galerie Esther Woerdehoff, qui lui consacre sa première exposition personnelle en France, jusqu’au 30 avril 2016 – 36 rue Falguière.
Crédit photo couverture : © Iris Hutegger, Courtesy Galerie Esther Woerdehoff
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