Lorsque ses admirateurs lui demandaient un autographe, il répondait « Ici c’est Moncorgé, Gabin est resté à Hollywood. »
Aux commandes du char le « Souffleur II » dans la 2ème Division Blindée du Général Leclerc, le monstre sacré du cinéma français vit la guerre en « vrai ». Sans prétention, sur le terrain des opérations, il n’était que Jean Alexis Moncorgé, de son vrai nom.
Le Musée du Général Leclerc et de la Libération / Musée Jean Moulin lui consacre une exposition documentaire, Jean Gabin dans la guerre 1939-1945, riche en photographies et anecdotes, présentant une période de la vie de l’acteur souvent méconnue.
Réserviste de la Marine Nationale, il rejoint son unité à Cherbourg à la déclaration de la guerre. Puis, subissant un chantage de la part des Allemands, il réussi à quitter la France pour les Etats-Unis. Malgré son soutien à l’effort de guerre, aux côtés de Marlène Dietrich, il ne supporte plus de rester tranquillement à Hollywood pendant que de jeunes soldats vont au combat.
Il arrive enfin à s’engager en 1943. Avant de partir, il tourne L’Imposteur sous la direction de Julien Duvivier, à la demande du Général de Gaulle. Ce film de propagande pour la France Libre explique aux américains pourquoi ils doivent prendre part au conflit.
C’est ainsi que la plus grande star française du moment, s’engage. Le second-maître Moncorgé, premier grade qui lui permettait de porter la casquette, devient instructeur à Alger, puis conducteur de char dans la 2ème DB. Il participe à la bataille des Vosges, à l’assaut de la poche de Royan et à la campagne d’Allemagne qui le mènera jusqu’au Nid d’Aigle d’Hitler à Berchtesgaden.
Après la guerre, Jean Gabin refusera tous les rôles en rapport avec la guerre, comme par exemple le célèbre Paris brûle-t-il ?. Il ne parlera que très rarement de cette période, même avec ses proches.
Pourquoi cet homme au sommet de la gloire a-t-il eu ce besoin de se confronter concrètement aux événements en s’engageant militairement ? Pour Patrick Glâtre, commissaire de l’exposition, Jean Gabin voulait prouver qu’il n’était ni un planqué, ni un traître. Sa relation avec l’allemande Marlène Dietrich, dès son arrivée à Los Angeles, lui vaut d’être surveillé par le FBI. Une pression qu’il ne supportait pas. Surtout, Jean Gabin, incarnation d’un patriotisme encore très prégnant à cette époque, avait l’amour de son pays chevillé au corps, au point de s’engager pour participer à sa libération (voir l’interview vidéo de Patrick Glâtre ci-dessus).
L’exposition Jean Gabin dans la guerre 1939-1945 est à découvrir jusqu’au 18 février 2018 au Musée du général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris / Musée Jean Moulin. Elle a été réalisée par la société des Amis du musée Jean Gabin de Mériel en partenariat avec le conseil départemental du Val d’Oise. Son accès est gratuit.
Patrick Glâtre est l’auteur des ouvrages Gabin-Dietrich, un couple dans la guerre (Robert Laffont) et Jean Moncorgé Gabin, Acteur de la Libération de Royan (Bonne Anse).
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