La capitale brésilienne a subi d’importantes transformations dues à l’organisation consécutive des deux manifestations d’envergure internationale, la Coupe du Monde de football 2014 et les Jeux Olympiques qui se dérouleront en août prochain. Michael von Graffenried s’est rendu à Rio à quatre reprises depuis 2014 pour en suivre les évolutions.
Avec l’exposition Changing Rio, le photographe dresse un portrait de la ville et de ses habitants, un instantané d’une capitale en mutation entre le rêve de jours meilleurs grâce à ces événements sportifs et la réalité des inégalités sociales toujours aussi marquées. Rencontre avec Michael von Graffenried à la Galerie Esther Woerdehoff pour nous présenter son travail.
Pourquoi cet intérêt pour Rio ?
Il y a eu beaucoup de changements, avec de nouvelles routes ou autoroutes, des métros. Malgré tous ces efforts, on ne sait pas ce qu’il va rester à la fin. Ceux qui veulent ces jeux pensent toujours que ca va être bénéfique pour la ville, mais bien souvent c’est le contraire. Alors je ne sais pas. Mes photos sont une forme de constat sur la ville et sur l’impact de ces deux grands événements.
Quelles évolutions avez-vous constatées pendant ces deux ans ?
Le second constat concerne la circulation. C’est compliqué à Rio de se déplacer d’un point à autre, car il y a beaucoup de collines. Des tunnels ont été creusés, de nouveaux axes routiers aménagés, qui devraient améliorer la situation dans la ville.
Ces nouvelles infrastructures ont été créées sur des territoires habités ?
M.vG. : Tout cela a été très compliqué pour ceux qui ont perdu leur maison mais dans le même temps cela a peut-être créé du travail. Depuis 15 ans, une classe moyenne a émergé, même s’il y a toujours beaucoup de gens pauvres.
Cette photo (ci-dessus) incarne vraiment ce contraste au Brésil. A droite, vous voyez la classe moyenne avec des jeunes gens qui font la fête pendant le carnaval. A gauche, cet homme cherche des déchets dans les poubelles publiques. Il les sort, les met dans son sac et va les vendre pour quelques sous ailleurs.
Vous photographier beaucoup les gens, la vie quotidienne, qu’est-ce qui vous plais ?
M.vG. : C’est d’abord la curiosité. J’apprends. Si je vais vers les autres, j’apprends sur moi. C’est surmonter ma peur de celui qui est différent, pour ne pas devenir raciste. C’est une sorte d’auto-psychothérapie avec mon appareil. Et dans le même temps, je vous ramène des images dans lesquelles vous voyez ce que vous voulez voir.
L’exposition de Michael von Graffenried est à découvrir à la Galerie Esther Woerdehoff jusqu’au 13 juillet prochain. Sa série de photographies est également publiée dans le livre Changing Rio paru chez Slatkine.
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