Il nous régale de ses récits sur l’histoire de notre 15ème arrondissement sur Valgirardin. Cette fois-ci, Alexandre Guth Vladaj revient avec son premier ouvrage, Les Yeux de l’apocalypse, une légende albanaise, publié aux Editions du Mont-Ailé, une toute jeune maison d’édition créée l’année dernière… dans le 15ème. Cette nouvelle nous transporte dans le Nord de l’Albanie, où la culture et les mythes ancestraux de ce peuple nous sont dévoilés. Un conte en hommage à son grand-père. Rencontre…
Votre récit est une petite fenêtre qui s’ouvre sur l’Albanie, un pays plutôt méconnu en France.
L’Albanie commence à s’ouvrir très timidement. Elle suscite de plus en plus d’intérêt, surtout les côtes. Le Nord est une région méconnue. C’est une contrée reculée du pays, dans les montagnes, qui reste encore aujourd’hui très inaccessible. C’est le lieu où se passe l’intrigue.
Ce livre est un hommage à mon grand-père. J’essaie de reproduire la région d’où il vient, à travers les paysages, le village, la présence d’une tour donjon dite la « kulla », et tout autour, les montagnes, la brume, donnant un aspect très mystérieux. C’est aussi une invitation dans le Nord tel que moi j’ai pu le voir.
Une promesse sacrée est au cœur du récit, une forme d’introduction à la culture albanaise
C’est une légende qui relate la façon de vivre et la mentalité albanaise, avec notamment un élément très important que l’on appelle la « besa », c’est-à-dire le respect de la parole donnée. Au cours de l’histoire, le héros va devoir respecter sa besa même si sa vie en dépend. Pour celui qui ne la respecte pas c’est le déshonneur pour lui-même, pour son clan et plus tard pour sa mémoire.
Dans le traitement, j’ai essayé de respecter les codes des légendes albanaises, en introduisant le livre, par exemple, avec la formule « Il était, il n’était pas… », le fait d’avoir des protagonistes sans nom, la présence du monstre traditionnel, la « kulshedra », et bien sûr à travers le décor.
Ce récit s’inspire d’une légende trouvée en parcourant les livres sur le sujet, mais qui tenait sur deux pages. J’aimais bien la manière dont était présentée la fameuse besa. Je l’ai développée en y ajoutant des constructions personnelles.
Quelles sont ces constructions personnelles ?
Quand mon grand-père parlait de la famille. On écoutait ses histoires, sans trop savoir quelles étaient la part d’invention et la part de vérité. Mais peu importait, car ce qui comptait finalement, c’était le message, les valeurs véhiculées. Les histoires étaient toujours à la frontière entre le réel et le fantastique, car comme dans toute transmission orale, mon grand-père tenait ses histoires de son père, qui les tenait lui-même de son père,… chacun ajoutant sa pierre à l’édifice.
Je me suis basé sur cette transmission orale où au sein même du conte, il y a des anachronismes. Après 8 années d’étude du grec ancien, j’ai été influencé par l’ouvrage que je connais le mieux l’Iliade, où ces anachronismes sont présents. Plusieurs générations de conteurs ont successivement ajouté des éléments jusqu’à ce que l’on décide de la poser à l’écrit. J’ai essayé de reproduire ces anachronismes. L’époque est volontairement floue. Je me suis inspiré de l’antiquité grecque en plus de la culture albanaise. Ca reste balkanique !
Le joli récit d’Alexandre est émaillé d’illustrations signées Tereza Lochmannová (ci-dessus). Le héros ira-t-il jusqu’à sacrifier sa vie et son amour pour sauver son village et respecter sa promesse ? A vous de le découvrir !
Les yeux de l’apocalypse, une légende albanaise (Les Editions du Mont-Ailé / Collection Patrimoine) – 60 pages, 15 euros
En attendant les prochaines chroniques d’Alexandre sur l’histoire du 15ème, retrouvez ses précédents articles :
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