Joël Favreau a accompagné Georges Brassens pendant près de 15 ans à la guitare, en studio et pour ses concerts en première partie. Il raconte dans son livre, Quelques notes avec Brassens (Editions de l’Archipel), des anecdotes sur sa propre vie et sur les nombreux moments passés avec le chanteur de Sète. Il sera en dédicace le 12 mars 2017 à la librairie Le Divan.
Comment s’est passé votre première rencontre avec George Brassens ?
La première fois que l’on s’est rencontré, c’était dans les coulisses du TNP du palais de Chaillot en 1966. Je me souviens d’avoir été glacé d’épouvante. Ce que je retiens de ce moment est d’avoir vu côté coulisse son entrée en scène. J’ai pu voir l’effet qu’il provoquait sur le public. Il créait immédiatement une complicité avec son auditoire. Ca m’avait impressionné.
Comment s’est concrétisée votre collaboration avec lui ?
Je travaillais avec lui en studio. J’ai fait la deuxième guitare sur ses deux derniers albums, ainsi que de nombreuses émissions de télévision avec lui comme Le Grand Echiquier. Dans ma relation de travail avec lui, il me laissait une liberté totale. Il me disait « il faut faire ce que tu veux », mais souvent il ajoutait « est-ce que ça ne te dérangerait pas de faire ça comme ça ? Essai une fois mais t’es pas obligé hein !» Evidemment je jouais ce qu’il me soufflait, et ça fonctionnait très bien.
Dans votre livre, on a l’impression que vous n’avez jamais réussi à franchir un certain degré de complicité avec lui, comment l’expliquez-vous ?
Il y avait plusieurs cercles d’amis autour de lui. Je n’ai peut être jamais été dans le premier cercle, mais je ne peux pas dire que je n’ai rien franchi avec Brassens. J’étais plus qu’un simple musicien pour lui. J’ai eu l’impression de m’être rapproché de lui le jour où je lui ai parlé d’Anatole France, un auteur que je venais de découvrir. Il s’est alors précipité vers sa bibliothèque. Il avait acheté en plusieurs exemplaires certaines de ses œuvres, et m’en a offert tout une pile. Il pouvait réciter des pages entières d’Anatole France.
Vous travaillez souvent avec des jeunes, pensez vous que les nouvelles générations soient toujours autant réceptives de la musique de Georges Brassens ?
Et comment, ils sont réceptifs ! Mon fils, par exemple, avait organisé une soirée avec ses amis où le style musical était plus proche du métal que de la chanson française. Pourtant, à la fin de la soirée, ils avaient sorti les guitares et chantaient ensemble des morceaux de Brassens.
Comment l’expliquez-vous ?
Ce qu’il raconte dans ses chansons n’est tellement pas daté de son époque, qu’elles ne risquent pas d’être démodées. D’ailleurs elles n’ont jamais été à la mode. Il y parle de sentiments et d’idées universelles qui résonnent toujours autant aujourd’hui. Finalement, seul le décor change.
Le 15ème arrondissement a beaucoup compté pour Georges Brassens, avez-vous une petite anecdote en rapport avec ce quartier ?
Lors de l’inauguration de mon spectacle Paris salue Brassens, la mairie de Paris nous avait demandé de participer à une cérémonie dans le Parc Georges-Brassens. Je devais inaugurer des pelouses qui portaient chacune le nom d’un morceau de Brassens : Auprès de mon arbre, Une jolie fleur,… A chaque fois, je devais alors fredonner quelques mesures de ces chansons. Devant cette situation cocasse, Raymond Devos m’avait glissé à l’oreille « tu ne trouves pas que ça ressemble à un chemin de croix ? ». Nous avions beaucoup ri !
Nicolas Santucci
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