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nouvelle imprimerie nationale - rue convention - paris 15

L’imprimerie nationale

Cet édifice, toujours debout, est l’ancien site de l’Imprimerie Nationale au 27, rue de la Convention de 1903 à 2005. Pour comprendre pourquoi cette institution se retrouva à cet endroit pendant plus d’un siècle, il faut remonter au XVIème siècle.

gravure atelier impression - musée plantin-moretus anvers
J. van der Straet – Gravure d’un atelier d’impression au XVIème siècle.
Musée Plantin-Moretus, Anvers

Une brève histoire de l’Imprimerie Nationale

En 1538, François 1er accorde à un imprimeur le privilège exclusif de mettre sous presse les ouvrages destinés au roi en grec, puis en latin et en hébreux. Un siècle plus tard, sous l’impulsion de Richelieu, « l’imprimeur du roi » devient « l’imprimerie royale ». La nouvelle manufacture a pour but de réaffirmer l’autorité de la Couronne de France, alors affaiblie par les guerres de religion et l’influence des « Grands ».

L’État se retrouva ainsi doté d’un instrument indispensable pour l’impression et la diffusion de documents et d’ouvrages officiels. Les gouvernements se succédèrent, mais l’institution demeura. L’imprimerie Royale devint Impériale et enfin Nationale en 1870. Comme un écho à son origine, son logo actuel dépeint une salamandre, emblème de François 1er.

usines citroen 1960 - blogspot heraldie - paris 15
Les usines Citroën vers 1960 avec, au fond à gauche Saint Christophe de Javel reconnaissable à son clocher et, en face, l’imprimerie nationale.
Merci à blogspot héraldie !

Une imprimerie industrielle

Occupant l’hôtel de Rohan à Paris depuis 1809, l’Imprimerie Nationale doit, au XIXème siècle, imprimer un nombre d’ouvrages de plus en plus conséquent. À en croire l’ouvrage d’Arthur Christian « Débuts de l’Imprimerie en France », approximativement  163 millions de feuilles furent imprimées en 1885, contre environ  272 millions en 1903… et plus de 300 et 307 millions en 1900-1901 !

Les raisons d’une telle explosion de la demande ? Les Expositions Universelles parisiennes avec leurs lots d’affiches et de catalogues (ce qui explique le pic de 1900-1901), mais aussi la colonisation et la multiplication des dictionnaires bilingues et des grammaires étrangères. En témoignent le dictionnaire annamite-français de 1900, ou le Manuel de la langue tamoul de 1903, tous les deux sorties des presses de l’institution. Les ouvrages sur l’histoire de France constituent également une part importante du corpus, à l’instar de la Notice de douze livres royaux du XIIIème et du XIVème siècle (1902).

Cette accroissement des impressions, dont certaines dans des caractères orientaux ou gothiques, nécessita de trouver un nouveau site pouvant accueillir de nombreuses machines à la pointe de la technologie. C’est ainsi que de 1903 à 1905, fut édifiée l’usine de la rue de la Convention, dans le quartier alors industriel de Javel. C’est en effet dans ce district que fut synthétisée… la fameuse eau de Javel au XVIIIème siècle et que Citroën s’implanta en 1915.

imprimerienationale - atelier - 1905 - paris 15
Christian a. «Débuts de l’imprimerie en France »
Paris, Imprimerie Nationale, 1905.

Une usine à la pointe de la technologie

Quant au nouveau bâtiment de l’Imprimerie Nationale, il occupe un espace de 20.000 m². Les illustrations de l’ouvrage « Débuts de l’Imprimerie en France » présentent de vastes salles illuminées pouvant accueillir de nombreuses machines et offrir des conditions de travail décentes aux ouvriers. Le livre de 1905 précise que l’Imprimerie Nationale « s’en ira, dans un quartier moderne, occuper de vastes locaux plus appropriés à ses labeurs et à ses fins et dans lesquels ses différents services seront plus commodément installés. »

Autre détail intéressant,  mentionné par M. Bouniol dans un article du Paris Village n°10 (19 avril 2005) concernant également le site de Convention : « Cinq réservoirs d’eau de Seine placés dans la partie supérieure des tourelles permettaient de maîtriser rapidement le feu en cas d’incendie ». Nous comprenons pourquoi l’édifice fut construit près du fleuve.

imprimerie nationale - avant après 1921 - paris 15
L’Imprimerie Nationale avant 1921 (carte postale), puis après les modifications à partir de cette date.

Grandeur et décadence

À partir de 1921, l’usine du 27, rue de la  Convention abrite également les bureaux de L’Imprimerie Nationale. Les ailes latérales sont ainsi agrandies et enrichies d’un étage, comme nous pouvons le constater sur les photographies ci-dessus. En 1974, un deuxième site de production ouvre ses portes à Douai.

En 2005, l’Imprimerie Nationale déménage dans le XVIIème arrondissement de Paris, délaissant l’édifice de la rue de la Convention racheté en 2003 par Carlyle. Ce groupe américain, s’étant engagé à préserver l’architecture de l’imposante bâtisse, transforme les ateliers en bureaux modernes.

imprimerie nationale - 27 rue convention - paris 15
27, rue de la Convention. Mbzt, Wikimedian Commons

Aujourd’hui

Finalement, en 2007, le ministère des Affaires Etrangères rachète le site et y installe moult services et directions. Une partie de cette administration occupe toujours ce lieu, heureusement préservé depuis son édification.

Si vous vous rendez au 27, rue de la Convention, vous pouvez y déceler quelques éléments témoignant de son ancienne activité. Tout d’abord la statue de Gutenberg, au centre de la cour, les inscriptions « 1640 » sur la grille, année de la création de l’Imprimerie Royale,  et enfin les sheds, ces toitures d’usines en dents de scies, que l’on peut observer sur Google Maps.

À vous désormais de découvrir ce bâtiment… et de trouver d’autres indices montrant qu’il s’agissait d’une imprimerie !

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Alexandre Guth

Diplômé d’histoire de l’art et d’archéologie, Alexandre travaille dans le secteur de la culture. Il conçoit notamment des parcours axés sur la découverte du patrimoine citadin (Paris, Prague, Budapest,…). Sur Valgirardin, Alexandre présente chaque mois les lieux insolites du 15ème arrondissement.

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