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Concert : Musiciens en luth…

2016. Toute la France est occupée par la musique électronique, avant-gardiste, connectée. Toute, non, des groupes d’irréductibles résistent encore et toujours à l’envahisseur : les baroqueux, les fondus de musique ancienne, les amoureux de la « doulce » mémoire. La preuve, l’association française de luth nous offre ce dimanche 9 octobre un après-midi de concerts des temps d’avant. En entrée libre en plus. Ce serait dommage de s’en priver… Rencontre avec Pascale Boquet, Présidente de l’association française de luth, concertiste et enseignante au conservatoire de Tours.

Valgirardin.fr : La musique ancienne a le vent en poupe depuis maintenant 30 ans… Au XXIè siècle et à l’heure du tout connecté on peut se demander pourquoi sa mode perdure et s’installe ?

Pascale Boquet : Vous savez, il faut se souvenir qu’elle est redevenue « à la mode » avec les mouvements baba cool post 68 qui ont redécouvert, à leur façon, les musiques traditionnelles et folks. Or elles sont très liées. Les musiques du moyen-âge, de la renaissance et du baroque ont les mêmes caractéristiques que ces musiques traditionnelles : authenticité, grande liberté dans l’interprétation, convivialité du petit groupe d’amateurs …

Ces caractéristiques ont progressivement disparu avec les siècles classiques et romantiques pour répondre à des contraintes techniques incompressibles dues à l’évolution de la musique. C’est normal, tout art doit évoluer. Mais la complicité entre musiciens n’est pas la même au milieu d’un orchestre de 50 ou 100 interprètes, qui doivent jouer scrupuleusement une partition sans fantaisie, que lorsqu’on est deux ou trois à se donner la réplique….

Ces airs des temps anciens ne sont-ils pas, aussi, plus accessibles, plus doux pour l’oreille que la musique classique contemporaine ?

P.B. : Si bien sûr ! Écouter un air de luth de Marin Marais c’est contempler un doux paysage français au lever du jour. Je pense que c’est pour cela que le célèbre film, Tous les matins du monde,  a tellement marqué les esprits et que tant de gens ont été à la suite acheté leur album de viole de gambe ! Il est évident que ces musiques anciennes ont un ton apaisant, pacifiant, que n’ont pas les musiques d’aujourd’hui qui peuvent apparaître décousues, voire agressives…

C’est ce que nous constatons à travers les écoutes ou les ventes des ensembles comme Doulce mémoire, dont je fais partie. Il y a aujourd’hui des festivals, de grands ensembles (je pense à l’ensemble, Les Art florissants par exemple) et de l’enseignement dans les conservatoires qui prouvent le gout contemporain marqué et bien installé pour cette musique des temps anciens.

Parlez-nous « des » concerts de dimanche

P.B. : Le concert de 15h30 est consacré à John Dowland (illustration ci-dessus), qui incarne le meilleur de la renaissance anglaise. C’est doux et profond. Celui de 16h30 présente un duo très original de harpe et de luth et fera entendre de la musique espagnole, plus enlevée. A 17h30 résonnera Marin Marais joué en trio par deux théorbes, ce grand luth, de tonalité plus grave et une basse de viole. Enfin à 18h30, avec le luth à 25 cordes –qui demande une dextérité inouïe pour être joué !- c’est-à-dire un luth baroque nous entendrons des airs que l’on jouait à la cour de Louis XIV.

Finalement, pourquoi le luth a-t-il disparu ?

P.B. : Il n’était plus adapté aux formations importantes et dans lesquelles les solistes disparaissaient. Et puis les temps changent et avec eux l’écriture musicale, les goûts, les instruments, et c’est bien ainsi… Ce qui est encore mieux c’est que les œuvres de génie ne meurent finalement jamais et attendent patiemment le baiser du prince ! Aujourd’hui, on peut dire que la musique ancienne est bien réveillée !

Rendez-vous dimanche 9 octobre, à partir de 15h30, au centre Foranim, 48 rue Bargue.

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