Aujourd’hui, consommer des produits de qualité, aux provenances clairement identifiées, est une demande croissante d’une partie de la population. Pour répondre à ce besoin, il existe une solution de vente en circuit-court : l’AMAP. Dans ces Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne, les adhérents s’engagent pour un an à soutenir une exploitation agricole de proximité en lui achetant ses légumes bio tout au long de l’année.
Concrètement, comment ça marche ? Alors qu’une 4ème AMAP et un 5ème lieu de distribution viennent de voir le jour dans le 15ème arrondissement, nous avons rendu visite à l’AMAP Blomet Grands Prés, pour voir d’un peu plus près ce qu’il s’y passe.
Un mardi soir, rue de Vaugirard, il est presque 21h. Les habitants du quartier, adhérents de l’AMAP, arrivent tranquillement avec leur panier ou chariot au Valgiros. Chaque semaine, c’est ici qu’ils se retrouvent dans la bonne humeur pour récupérer leur part de produits fermiers. Dans la salle, tout est prêt, tables et balances à l’ancienne sont en place. Tous attendent patiemment Christophe Opoix, maraîcher à Boutigny près de Meaux, et sa cargaison de légumes, ainsi que les petits nouveaux Cindy et Nathan, qui viennent vendre œufs et poulets pour la première fois cette année (photo du haut).
Alors que les fourgonnettes des producteurs entrent dans l’allée, une joyeuse effervescence s’empare de chacun qui donne un petit coup de main pour le déchargement, aide à la disposition des produits dans la salle, prend en charge leur distribution ou s’occupe de l’accueil des adhérents… Cette heure de distribution est l’occasion pour tous de se retrouver, ce soir-là, autour d’un verre de cidre de pommes.
« J’aime le côté convivial, un peu bordélique » explique Serge, adhérent à l’AMAP depuis 7 ans. « Au supermarché on ne discute avec personne. Ici, tout le monde se parle, on est dans une mixité sociale et générationnelle. Ce n’est pas une recherche absolue, mais c’est tellement plus sympa. Je ne connais pas bien mes voisins mais les gens ici oui. »
Les producteurs aiment également cette convivialité. « Notre but premier était de travailler en vente directe, sans passer par les intermédiaires » explique Cindy. « On voulait vraiment avoir le contact avec le client. » Dans ce système, les adhérents s’intéressent vraiment à eux. « Les gens nous posent des questions sur la production » poursuit Cindy. « Ils demandent si les animaux se portent bien. Comment on les traite ? Comment on les nourrit ? Si nous on gagne bien notre vie. »
« Ce qui m’a attiré en premier c’est le circuit court et le fait de participer à la vie du quartier » explique Cécile, amapienne depuis 2 ans. « Et pour Christophe, c’était vraiment une action de soutien à son projet, à cette philosophie de faire un maraîchage respectueux. »
C’est bien la vocation d’une AMAP. Producteurs et adhérents, devenus des consom’acteurs, sont embarqués dans une aventure commune : le soutien à une ou plusieurs exploitations agricoles en garantissant l’achat des ses produits sur un an. « On connait notre chiffre d’affaires dès le début de l’année » précise Christophe Opoix. « C’est plus stable. Et on passe moins de temps pour les distributions. »
« On est colocataires de la ferme ! » explique François Soubrier, président-fondateur de l’AMAP Blomet Grands Prés. Avec leurs 150 adhérents, pour 80 parts de récolte hebdomadaire, « on représente à peu près la moitié de sa production. C’est un lien très fort qui nous unit car en plus d’acheter au quotidien, on accompagne année après année son développement. »
En décembre, au moment de la signature du contrat, les adhérents s’accordent avec l’agriculteur sur les différents produits qui seront cultivés pendant l’année. « Il y a environ 40 légumes bio différents » précise Christophe Opoix « des légumes de saison et des produits qui doivent revenir régulièrement comme les pommes de terre, la salade, les carottes et les tomates en été. » Et il y a aussi comme l’indique François Soubrier « des choses que vous ne trouvez pas toujours dans les magasins comme les topinambours, les panais, les légumes un peu oubliés. »
La distribution commence début avril, lissée sur 44 semaines, jusqu’à la mi-février, pour un coût de 20 euros par part. Et si dans un panier, il y a un produit que vous n’aimez vraiment pas, ou si les quantités sont trop importantes, il est toujours possible de s’arranger entre amapiens. De même, lorsque vous partez en vacances, vos parts feront toujours le bonheur des personnes sur liste d’attente.
Adhérer à une AMAP c’est s’engager et partager des valeurs. « S’il y a une super belle production on aura beaucoup plus de légumes par rapport à ce que l’on dépense » explique Cécile. « Et si ça ne marche pas, on soutient aussi Christophe car on est bien content d’avoir du bio, pas de pesticides,… on s’engage avec lui s’il a des risques dans sa production. » Comme l’explique François Soubrier « l’AMAP est un formidable moteur à l’installation. A la base, ce sont des pépinières qui font de l’essaimage. La principale action d’AMAP de France est de former de futurs producteurs. C’est une vraie démarche. »
« L’AMAP repose sur trois piliers » ajoute-t-il. « Le premier est la sécurité alimentaire. Ici on se procure des produits frais, de qualité bio. On est à même d’aller auditer sur le terrain pour s’assurer du mode de production. Le second est environnemental. Nous sommes en circuit court, à 50 km de l’exploitation. Il n’y a pas d’emballage. Le troisième est social. Nous ne fixons pas le pris de la part en fonction d’un prix de marché, mais en fonction d’une rémunération décente et concertée entre le producteur et le groupe. »
L’échange avec les acheteurs a lieu aussi à la ferme. Ateliers et entraide sont régulièrement au programme. « Parfois ils viennent nous aider pour ramasser les pommes de terre et pour le désherbage au printemps » explique Christophe Opoix. Ils vont aussi découvrir l’exploitation et partager des moments conviviaux autour d’un bon déjeuner. « Quand ils viennent visiter la ferme, on fait des pique-nique avec parfois plus de 100 personnes. C’est sympathique ! »
Pour en savoir plus sur les AMAP, rendez-vous sur le site du réseau d’Ile-de-France : www.amap-idf.org
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