A l’occasion de la Fête de la Bretagne 2017, nous sommes allés à la rencontre de Philippe Chain, président de l’association Paris Breton, qui pour la 8ème année consécutive se charge des festivités bretonnes du 15ème arrondissement. Attention spoiler ! Cette année, préparez vous à voir des bigoudènes chevaucher de vrombissantes Harley-Davidson !
Comment est née l’association Paris Breton ?
Tout a commencé en 2003, avec une dizaine de personnes pour constituer un groupe de réflexion, de débats, sur la Bretagne, son économie et sa culture. Et puis, nous nous sommes mis à organiser quelques événements, dont certains assez conséquents comme en 2006, avec un défilé de mode à la tour Eiffel ou un salon du livre à la Bibliothèque Nationale. De fil en aiguille, des gens ont voulu adhérer et nous nous sommes constitués en véritable association.
Il y a déjà plus d’une centaine d’associations de Bretons à Paris, pourquoi le besoin de créer la vôtre ?
On était plusieurs à ne pas y trouver notre compte. La majeure partie des associations se divisent en deux catégories : d’une part, les cercles celtiques dont les associations de danse et de musique qui représentent une grande partie du patrimoine breton, et d’autre part, il y a les amicales, c’est-à-dire les regroupements par lieux d’origine et dont la principale activité était un ou deux banquets dans l’année. Nous, nous cherchions à avoir un groupe de réflexion sur la société bretonne, donc mobiliser les gens de Paris pour que cela ait un impact là-bas.
Pourquoi y a-t-il autant d’associations à Paris?
D’après une étude que nous avons réalisée, il y a 425 000 Bretons nés en Bretagne, vivant en Ile-de-France. Mais ce chiffre est en réalité bien plus important, car qui est né de parents bretons se dit et se sent Breton, même s’ils ont vu le jour à Paris. L’attachement à la Bretagne s’étend sur plusieurs générations, parce qu’en fin de compte, il y a toujours le retour chez les grands-parents ou les cousins pour les vacances. Il y a un véritable lien permanent.
Vous organisez la fête de la Bretagne le week-end du 20 mai, est-ce que vous pouvez m’en dire plus ?
Cette fête est à l’initiative de la région Bretagne, qui a souhaité que toutes les associations bretonnes qui le souhaitent organisent un grand rassemblement. Du coup, tout au long de la semaine, que ce soit à Shanghai, à Pékin, à New-York, en Argentine, au Mexique… là où il y a un nid de Bretons, il y a une fête.
Et pour ce qui est des manifestations que vous organisez, vous, à Paris ?
Le but est de faire du festif et du convivial. Et comment fait-on cela en Bretagne ? Avec de la musique, de la danse, de quoi manger et boire. Il y aura donc une succession de groupes de musique, la Breizh Parade avec 200 participants dont des Bigoudènes qui, cette année, chevaucheront des Harley-Davidson, et de nombreux stands de spécialités locales. Mais nous cherchons à promouvoir tous les savoir-faire bretons, donc il y aura aussi des startups bretonnes, des centres d’information sur les moyens de rentrer au pays, comme la nouvelle ligne de TGV qui va relier Paris à Rennes.
Et pourquoi organiser cela à la mairie du 15ème ?
A cause de la gare Montparnasse où tous les trains pour la Bretagne partent et arrivent ! De tout temps, le 15ème a été une poche de Bretons.
On ne peut pas voir une manifestation sans voir un drapeau breton, comment expliquez-vous cet engouement pour la culture bretonne ?
Déjà, l’image du Breton a beaucoup changé. Se dire Breton est devenu quelque chose de valorisant. Alors que pendant l’entre deux guerres, ou juste après la seconde guerre Mondiale, pendant les grandes migrations bretonnes, être Breton ça voulait dire être de la main-d’œuvre agricole ou ouvrier. Les Bretons d’aujourd’hui ce sont Pinault, Bolloré et les jeunes qui arrivent à Paris, ce sont des bac plus 5, plus 10, donc le regard des autres a changé sur les Bretons.
Et puis, comme le dit l’adage : «Est breton qui se sent breton !».
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