« C’était une personne amicale et très chaleureuse, même si elle avait du caractère » se souvient Philippe Ledru, habitant du 15ème arrondissement de Paris. Ancien photographe de presse de l’agence Sygma, il a eu le privilège de suivre Simone Veil au plus près pendant plusieurs années. Une vingtaine de ses photos sont à découvrir dans l’exposition consacrée à cette grande dame de la politique française, « Nous vous aimons, Madame. Simone Veil (1927-2017) », présentée cet été à l’Hôtel de Ville.
Lorsque Philippe Ledru rejoint l’agence Sygma en 1974, on lui demande de suivre Simone Veil. Il réalise des reportages photographiques aussi bien dans son intimité qu’à l’occasion des temps forts de son parcours politique. Leur première séance photo fut organisée dans la maison normande de l’intéressée. La matinée de travail prévue à l’origine s’est transformée en un week-end entier. « Elle me dit restez déjeuner avec nous » précise Philippe Ledru, qui finalement a passé « deux week-end chez elle, en cherchant à faire des photos d’elle en train de lire, avec ses enfants,… » Leur amitié professionnelle était née.
Sur le plan politique, le moment le plus important fut sans nulle doute les débats sur la loi dépénalisant l’avortement. « J’ai été assez privilégié » explique Philippe Ledru. « Je ne la lâchais pas. Je m’entendais bien avec son attachée de presse et Simone Veil me supportait très facilement. » A l’occasion des débats, il fut l’auteur d’une photo qui a fait couler beaucoup d’encre, où certains ont cru voir la ministre de la Santé pleurer.
« La veille, elle m’a demandé de venir de bonne heure à l’Assemblée Nationale » raconte le photographe. « Elle est arrivée parmi les premières. Elle a commencé à boire un café, puis s’es frotté les yeux. » Mais elle ne pleurait pas comme les visiteurs de l’exposition pourront le découvrir grâce à l’agrandissement de la planche contact de cette série de photos « pour bien montrer que l’hémicycle est vide. Il est 8 heures du matin. Elle se frotte les yeux » précise Philippe Ledru. « Après, j’en ai reparlé souvent avec elle. Elle m’a dit n’avoir pleuré qu’une fois après les camps, quand sa sœur est morte. »
Proche de la famille Veil, ce sont ses fils qui ont contacté Philippe Ledru pour qu’il participe au montage de l’exposition, où une vingtaine de ses photos sont présentées. A noter qu’auparavant, il avait déjà collaboré à la réalisation de deux ouvrages sur Simone Veil, Mes Combats (Bayard) et Simone et les siens (Grasset).
Le parcours de l’exposition suit celui de Simone Veil : son enfance, la déportation, sa vie d’étudiante, la magistrature, ses ministères et son engagement européen. Présentant de nombreux documents et photographies, parfois montrés pour la première fois, « Nous vous aimons, Madame. Simone Veil (1927-2017) » est à découvrir jusqu’au 21 août 2021 à l’Hôtel de Ville (5 rue de Lobau. Entrée libre).
Photo du haut : Simone Veil devant sa fenêtre chez elle à Paris, le 1er juin 1974 (détail) © Philippe Ledru
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