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Chasse aux emballages dans la chaîne logistique du vrac expérimentée à Paris 15

« Les clients font l’effort de venir ici pour réduire leurs déchets. C’est important en tant que commerçant de travailler sur ce qu’il se passe avant nous. » Anne-Laure de l’épicerie de vente en vrac Boc’s, tout comme Victoire de Ma Petite Ferme, a accepté de participer à l’expérimentation Hub Vrac portée par la société Petrel. Ces deux commerçantes du 15ème arrondissement de Paris ont intégré une boucle vertueuse de réemploi des emballages dont l’objectif est de réduire les déchets dans la chaîne d’approvisionnement des magasins.

Si les épiceries « vrac » rencontre un succès croissant, un paradoxe demeure. Le principe même du vrac est le « zéro emballage », chaque client venant faire ses achats avec ses propres contenants. Pourtant en amont, la chaîne logistique transportant les produits du fabriquant jusqu’aux étagères de la boutique, utilise des emballages jetables en carton, en plastique, en kraft,… qui parfois ne sont pas recyclables.

Le dispositif Hub Vrac vise à supprimer ces emballages jetables en les remplaçant par des emballages réutilisables. Pour ce faire, Petrel s’est appuyée sur la place de marché We Bulk, dont le principe de base est de regrouper les fournisseurs et ainsi de centraliser les commandes, afin de limiter les trajets de livraison entre industriels et épiceries.

L’expérimentation, menée à petite échelle pour l’instant en Ile-de-France depuis le mois de février, concerne neuf commerces. « Je trouve dommage d’avoir des emballages en amont, entre fournisseurs et magasins » précise Victoire. « C’était une super opportunité d’apporter mon aide pour réduire ces déchets. » Alors, comment ça marche ?

L’épicier passe sa commande sur la place de marché où une vingtaine de références sont pour l’instant disponibles, fruits secs, pates, biscuits,… Les produits sont livrés en bacs réutilisables (photo ci-dessus), récupérés par le transporteur à l’occasion de la livraison suivante. Ces derniers sont ensuite envoyés dans une station de lavage, chez Pandobac située sous le marché de Rungis. « Ils passent dans des laveuses professionnelles avec des contrôles de laboratoire et repartent dans la boucle » précise Laurence de Lavallade de chez Petrel. « Nous avons des contraintes de certification bio des différents produits. Le processus permet de les maintenir. On fait très attention à la santé et à la qualité du produit. »

Victoire, Ma Petite Ferme - Anne-Laure, Boc's - Hub Vrac Paris 15
Victoire © Ma Petite Ferme (à gauche) / Anne-Laure © Boc’s (à droite)

Pour le commerçant, il s’agit de voir si ce système de livraison en bacs réutilisables est « possible, si ça n’abîme pas les produits, si ça n’entraîne pas de problèmes de mites, si ce n’est pas trop compliqué à stocker » explique Anne-Laure. S’il y a encore quelques ajustements à faire, notamment sur le conditionnement ou sur l’application permettant le traçage, les commerçantes du 15ème rencontrées sont plutôt satisfaites. « Ca ne nous fait pas perdre plus de temps qu’avant, au contraire. Les bacs sont de la même taille, bien organisés sur la palette » précise Victoire. « On n’a plus à se soucier si un sac est ouvert. Là au moins c’est vraiment fermé. »

S’achevant en juin, la société Petrel envisage de déployer ces nouveaux usages au sein d’autres épiceries, sur tout le territoire. Cela répond à « une pression du public, notamment des plus jeunes, pour avoir moins de déchets, » explique Laurence de Lavallade, mais aussi « à une pression législative, avec les lois Climat et AGEC (Anti-Gaspillage-Economie Circulaire) qui vont obliger, dès 2023, à ce que 5% des emballages soient en réemploi, non en recyclage. L’emballage doit être réutilisé pour la même fonction. »

L’objectif affiché du Hub Vrac est d’économiser 10 kilos de déchets par mois en moyenne. Une expérimentation à petite échelle qui ne demande qu’à grandir dont la stratégie est de standardiser les emballages. La réflexion menée autour de cette question va bien au-delà des épiceries « vrac », puisque la société Petrel travaille directement avec des industriels et la grande distribution comme Carrefour, engagés dans cette voie de la réduction des déchets. Même si nous n’en sommes qu’aux balbutiements, nous entrons, à coup sûr, dans une nouvelle ère de la production et de la gestion des emballages.

Photo du haut : bac réutilisable Hub Vrac versus sac en plastique jetable pour un même produit.

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Anne-Marie Leca

Journaliste, créatrice de Valgirardin.fr, Anne-Marie vit et travaille dans le 15ème arrondissement depuis plus de vingt ans.
Membre de la Société Historique et Archéologique du 15e.

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