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Balzac et Grandville - Paris 16

Balzac & Grandville, l’illustration au service du politique

Nichée sur les hauteurs de Passy dans le 16ème arrondissement de Paris, face à la Tour Eiffel, la Maison de Balzac, seule demeure parisienne de l’écrivain, a fait peau neuve. Après plusieurs mois de travaux, le musée, modernisé, paré de couleurs chatoyantes, et accessible aux handicapés, a réouvert en juillet dernier. Plus que la visite d’une maison dans laquelle Balzac a vécu, le musée nous offre une plongée au cœur de son œuvre. Jusqu’au 13 janvier 2020, une exposition est consacrée à la collaboration de Balzac avec l’illustrateur Grandville.

Les deux hommes se rencontrent en 1829, dans un contexte particulièrement favorable puisque dans les années 1830, les médias connaissent une évolution importante. Les ordonnances sur la presse qu’a prononcées Charles X ont provoqué sa chute, et Louis-Philippe, qui lui succède, accorde la liberté de la presse. Beaucoup de journaux artistiques profitent de cette nouvelle liberté d’expression pour se lancer dans la caricature politique. L’embellie durera cinq ans, avant que Louis-Philippe ne rétablisse la censure, en 1835. L’exposition se concentre sur ces cinq années fructueuses, puis sur le travail de Grandville en tant qu’illustrateur ayant dû renoncer à la caricature.

Projet d’éventail

Illustrateur de génie, le Nancéien Grandville, pseudonyme de Jean Ignace Isidore Gérard, débute sa carrière dans la caricature et se fait très rapidement un nom. Balzac et Grandville se rencontrent en 1829, dans les salles de rédaction du journal La Silhouette, le premier des journaux illustrés. Après l’échec de son roman-feuilleton La vieille fille, Balzac a compris que son écriture ne convenait pas à l’exercice du roman-feuilleton. Néanmoins, parce qu’il pressent la force du dessin de presse en tant que moyen d’expression et de subversion, parce qu’il connaît le travail d’imprimeur et s’intéresse aux illustrateurs, Balzac tente l’aventure de la presse et travaille avec des journaux de l’époque. Grandville et Balzac, par leur collaboration, vont contribuer à la mutation de la presse.

Sur le papier, tout sépare Grandville et Balzac. Balzac est de sensibilité royaliste et il le restera toute sa vie. Grandville, lui, est un farouche républicain qui voue une haine féroce aux Jésuites qu’il caricature. Pourtant, les deux hommes, que trois ans séparent, deviennent très amis. Balzac commentera les caricatures de Grandville, et Grandville illustrera, très occasionnellement, les œuvres de Balzac.

Jean Ignace Isidore Gérard Grandville (1803-1847). Caricature de presse. « Règne animal (suite) ». Planche parue dans « La Caricature » du 9 mai 1833. Lithographie. Paris, Maison de Balzac.

Alors qu’il versait essentiellement dans la caricature animalière, Grandville développe ses talents de caricaturiste politique, à travers des dessins très à charge. Le Nancéien représente les membres du gouvernement sous la forme d’animaux, comme dans la savoureuse lithographie Cabinet d’histoire naturelle, où l’oie blanche représente les défenseurs de l’Église, le grand-duc les pairs de France, ou le frelon le journal Le Figaro. Grandville fait preuve d’un sens aigu de l’observation, de fantaisie et d’esprit mordant. Balzac, plus mesuré que Grandville, préfère l’esthétique à la politique et refuse prendre parti pour les républicains comme pour les légitimistes. Chacun de ses commentaires des gravures de Grandville est un véritable exercice de style dans lequel nous découvrons un Balzac drôle et incisif, toujours inattendu et méconnu.

Dessins, gravures, affiches,… Une cinquantaine d’œuvres sont présentées dans cette exposition, dont certaines montrées au public pour la première fois. Elles sont issues des collections de la Maison de Balzac mais également du musée des beaux-arts et de la bibliothèque Stanislas de Nancy, et du musée Carnavalet-Histoire de Paris.

Balzac & Grandville, une fantaisie mordante est à découvrir jusqu’au 13 janvier 2020 à la Maison de Balzac (47, rue Raynouard 75016 Paris).

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