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Exposition Musée Guimet Inde photographes - Paris 16

Quand la chambre noire se fait chambre des merveilles dans l’Inde du 19è siècle

L’exposition « L’Inde, au miroir des photographes », présentée au musée Guimet, dans le 16ème arrondissement de Paris, s’intéresse aux débuts de la photographie dans l’Inde du XIXème siècle.

La photographie naît en France en 1839. Jacques Daguerre parvient à fixer des images en utilisant les propriétés des composés d’argent et ces premiers clichés sont appelés « daguerréotypes ». Cette découverte est relayée dans toute l’Europe, et donne lieu à une véritable émulation.

En moins d’un an, l’Inde, qui est alors une colonie de la reine Victoria, s’empare du daguerréotype dont elle a eu vent dans les médias britanniques. Madras, Bombay et Calcutta voient la création des premières sociétés de photographie, et ces villes deviennent  le berceau, comme le laboratoire, du développement de la photographie, tant sur le plan technique qu’artistique.

En neuf étapes, de la découverte du Cachemire au Taj Mahal en passant par Bénarès, l’exposition du musée Guimet revient sur le travail de photographes, tels que Baker & Burke, exposés au Getty Museum, qui ont su saisir la beauté de l’Inde, et profiter d’un sujet et d’une matière inépuisables pour faire avancer les techniques photographiques. Le daguerréotype étant une pièce unique, il est, par exemple, bientôt délaissé au profit du négatif sur verre au collodion humide, qui permet la reproductibilité des épreuves.

On y devine également que la photographie passe du statut d’activité artistique à celui d’outil historique, géographique et politique, qui façonne la représentation d’un pays qu’on connaît encore assez peu en Europe. Ainsi, Linnaeus Tripe, un militaire, est déchargé de ses fonctions pour devenir photographe officiel du gouvernement local de Madras.

Exposition Musée Guimet Inde Paris 16

L’exposition met aussi en avant le travail de Samuel Bourne, un Anglais qui décide de tout quitter pour photographier l’Inde, où il débarque en 1863, à moins de trente ans. Culturellement imprégné d’une conception européenne et américaine du paysage, soucieux de construire une œuvre photographique riche de nombreux détails, Bourne se lance dans des missions importantes et parfois périlleuses, au Cachemire, au cours desquelles pas moins de 60 porteurs sont nécessaires pour transporter le matériel photographique. Une des photographies de l’exposition témoigne d’ailleurs des conditions parfois épiques dans lesquelles ces prises de vue, toujours majestueuses, sont réalisées : le travail au collodion était effectué ans les rivières !

Ces tirages, que représentent-ils ? Des paysages naturels, bien sûr, des villes, palais et mausolées, des scènes de la vie quotidienne, mais aussi de superbes portraits de rajas, probablement les plus belles pièces de cette émouvante exposition. On est frappé par la netteté de ces tirages en noir et blanc qui restituent la finesse d’une moustache, le ciselage du marbre, ou les reflets dans l’eau, tranquille, des rivières.

Figée dans le temps et tout sauf grouillante, cette Inde paraîtra peut-être bien calme et lointaine à qui connaît et a parcouru les routes des Indes. Mais à demeurer dans une légère pénombre – pour des raisons de conservation, l’éclairage est limité – ces clichés sauront, si vous vous en approchez, vous révéler un pays dans ses mystères et son intériorité.

L’exposition « L’Inde, au miroir des photographes » est découvrir jusqu’au 17 février 2020 au musée Guimet (6 place d’Iéna 75116 Paris). Elle est réalisée en partenariat avec la Foire Internationale Paris Photo.

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